Octobre

L'idée de vous parler de cet aspect de mon travail m'est venue après avoir lu l'article très intéressant de ma super collègue Anna, qui m'a autorisée à la citer (si tu passes par là, merci à toi ! ❤️)

Il est vrai que lors de mes rendez-vous, j'ai très souvent les mêmes phrases qui reviennent : 

"Alors, tu gagnes combien ? Beaucoup, non ?"

"N'empêche, avec ton boulot tu dois avoir une belle vie !"

"Moi celle que je voyais avant, elle me disait qu'elle se faisait dix mille euros en une semaine, c'est vrai ça ?!"

"Toi de toute façon tu paies pas d'impôts vu que tu ne prends que du cash, si ?"

La plupart du temps, ces idées sont véhiculées en grande partie par tout ce que l'on a pu voir dans des films, entendre à la radio ou dans des reportages, lire dans des romans. Par exemple, on se souvient sans difficultés des virées shopping de Vivian dans Pretty Woman, mais on oublie rapidement d'où elle vient (de la rue, dans une relative précarité) et que cette histoire n'est qu'une fiction !

Et si je vous disais que la vraie vie d'une escort aujourd'hui est bien plus banale que ce que vous pourriez imaginer ? Ne souhaitant pas paraphraser l'article d'Anna, que je vous encourage vivement à lire si vous souhaitez en apprendre davantage sur tout cet aspect, je peux vous apporter un petit témoignage de ma vie d'escort à moi.

Pour ma part, je suis déclarée. Non pas en tant que TDS, pour éviter les nombreuses barrières que cela aurait pu m'apporter au quotidien (location d'appartement, ouverture d'un compte bancaire, etc...), mais déclarée quand même. Je déclare donc mes revenus chaque mois en tant qu'auto-entrepreneur et paie des impôts dessus, ce qui me permet également d'alimenter mon compte bancaire et de mettre de côté pour l'avenir. 

Je restreins le nombre de rendez-vous par semaine (et ne gagne donc pas quarante mille euros par mois, non 😉), déjà parce que je n'aime pas enchaîner, ce n'est agréable ni pour vous, ni pour moi, mais aussi parce que j'ai besoin de temps pour moi. C'est l'un des nombreux avantages de ce métier, c'est vrai : il me laisse une totale liberté sur mes horaires et me permet beaucoup de moments de détente, ce que j'apprécie fortement. 

Le TDS m'a également permis de sécuriser mes finances pas toujours très stables, puisque mon premier métier (une passion) ne se fait que par contrats relativement courts et ponctuels. C'est réellement un soulagement de ne pas avoir à se soucier de l'argent et de pouvoir choisir avec soin mes contrats et mes clients, je ne fais que ce que j'aime !

D'autre part, je suis assez partageuse et l'argent que je gagne en tant que TDS me permet régulièrement d'aider les collègues moins chanceuses que moi, ma famille, mes amis dans le besoin. Grande voyageuse, je me permets aussi plusieurs voyages dans l'année, seule ou avec ma famille, ce qui me fait beaucoup de bien.

Au final, je trouve pour ma part que oui, on peut dire que j'ai une belle vie parce que je me la suis construite et que je me "contente de peu" : mon luxe à moi, c'est de pouvoir parcourir une capitale avec mon sac à dos pendant une semaine pour le prix d'une paire de Louboutin. Mais on est loin du cliché gros diamants, sacs Chanel et Rolls Royce ! 😂 

En bref, je ne suis pas à plaindre et j'aime ma vie telle qu'elle est, pleine de voyages, de tendresse et de surprises ! 🥰

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous conseille ces lectures :

• Les escort-girls et l'argent, d'Anna

• Quels revenus déclarent les travailleuses du sexe ?, Slate

• TDS : Témoignages de travailleuses et travailleurs du sexe, Tan